RRRrrrr!!! L’homo Chabbatis, l’habitat
Dans mon article précédent je parlais en conclusion
de la liane que le chef utilise afin de se déplacer, je voudrais
revenir sur cette dernière. Le simple fait qu’un homo sapiens utilise
une liane est, comme je l’ai déjà dit, risible mais ce qui l’est encore
plus c’est le lieux où est la liane… dans une grotte ! Et oui, la
végétation pousse dans les grottes c’est bien connu, sur les roches
soit, mais en mettre à l’intérieur même de la grotte c’est légèrement
risible…
Mais que fait donc notre chef dans cette grotte ? Il
est venu voir le corps de la morte, chez elle ! Nous apprenons donc que
la défunte vivait dans une grotte, et, plus tard, un personnage dira
«dormir chez la morte»… il s’agit donc d’une grotte individuelle ! Attardons nous sur le thème de la grotte, il est en effet bien connu
que les hommes préhistoriques vivaient dans des grottes. Vive les
images d’Epinal ! Certes certains hommes préhistoriques vivaient dans
des grottes ou des abris sous roches -un renfoncement dans des roches
mais ne formant pas une grotte- mais ils n’en avaient pas tous
l’opportunité. Toutes les régions ne sont pas pourvus de tel lieux,
alors que devaient-ils faire dans ce cas là ? Se creuser un trou dans
le but d’avoir une sorte de grotte à leur disposition ?
Nul besoin de grottes quand celles-ci ne sont pas
disponibles -rappelons aussi que toutes les grottes ne sont pas
habitables par les hommes, certains animaux, tel les ours y trouvant
refuge, n’en déplaise à un personnage du film qui dira « si même les
animaux se mettent à attaquer dans les grottes ». Les hommes
préhistoriques savaient très bien vivre dans des habitats de plein air.
En cas d’habitat en plein air quel était donc la structure dans
laquelle les premiers hommes vivaient ? Tout dépend des possibilités de
ces derniers, parfois des tentes ou parfois des cabanes -en Ukraine des
cabanes en os de Mammouth ont été retrouvées. Des habitats qui
différaient en fonction du relief et des ressources disponibles là où
se trouvaient les hommes préhistoriques donc.
Pourquoi alors cette image d’Epinal ? Une raison
m’apparait, les grottes et les abris sous roche sont beaucoup plus
simples à repérer et à inspecter, les sites préhistoriques sont donc
plus facilement trouvables en ces lieux puisqu’ils n’y a qu’a les
explorer -d’autant plus que nos ancêtres s’accommodaient très bien de
ces protections naturelles quand elles existaient. En effet les sites
en plein air sont bien plus difficiles à trouver, nonobstant quelques
silex taillés remontant parfois à la surface ces sites sont enfouis
parfois profondément, à plusieurs mètres, dans le sol. Encore une fois cette curiosité pourrait être expliquée dans le film,
en effet il ne s’agit pas ici d’un habitat sous forme d’une seule
grotte mais d’un complexe entier de grottes, système d’habitat assez
curieux, mais après tout, si les conditions sont réunies, pourquoi pas…
Dans ce film, un cliché de la vie préhistorique,
dans des grottes, mais rien d’absolument choquant puisque pouvant
concorder avec la réalité. Le plus gênant serait ici la notion de
grotte individuelle, c’est mignon ils sont pudiques nos amis
préhistoriques, ils tiennent à leur intimité… mais permettez moi de
douter de cette notion d’intimité, ce pour plusieurs raisons. D’une
part les hommes préhistoriques étaient centrés sur la vie en
collectivité, bien plus que de nos jours, hors cette vision d’une
demeure individuelle semble bien contemporaine et d’autre part car
généralement les sites à grotte ne contiennent qu’une grotte habitée,
une certaine intimité dans un habitat de plein air pourquoi pas, mais
dans un habitat rocheux…
Dernier point que je souhaiterais aborder quant-à
l’habitat de nos sujets, leur apparente sédentarité. Ces derniers
semblent en effet vivre dans un village et ne pas s’en déplacer -du
moins aucune référence n’y est faite et le mode de vie semble s’y
rattacher. Au paléolithique supérieur l’habitat peut être provisoire
-allant d’une journée à quelques mois- cependant il peut également être
permanent si les ressources sont abondantes, cela sans pour autant
impliquer l’apparition de l’agriculture et remettre en question le
statut de chasseur-cueilleurs des populations y habitant. Nous pouvons donc conclure que dans ce film
l’habitat est l’expression d’un certains nombres de clichés et assez
improbables, toutefois il n’est pas impossible aussi bien par la
présence de grottes que par l’existence d’un village sédentaire.
Cependant, bien que possible, cette présence d’un village se révèle
problématique et nous entraine à nous questionner sur les conséquences
de cette sédentarisation, notamment sur l’apparition d’une hiérarchie.
Gildwin Bolöx